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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 08:58

 

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1. Le parcours de Frédéric en quelques lignes

Cela fait quelque fois un peu rêver, mécanicien d'un pilote de GP en motocross, les mains sur une moto tous les jours, des compétitions de haut niveau, les voyages etc.

Si l’idée de vous faire connaître un des ces garçons était dans les cartons, il fallait pour bien faire que la saison soit terminée, pour que l’intéressé soit plus disponible.

C’est un métier de nomade, le sac de voyage rarement rangé au fond du placard mais plutôt dans le couloir près de la porte d’entrée.

Avec 15 GP, 7-8 épreuves d’un championnat national, les courses annexes et on y ajoute les séances de testing, ce sont les deux tiers des week-ends de l’année loin de chez soi et beaucoup de kilomètres. C’est aussi un job de l’ombre, l’ombre de son pilote, la passion et l’humilité y sont indispensables.

Il y a forcément moins de places que de candidats. Il n’existe pas d’école de mécanicien de GP, ce sont des mécaniciens moto, nous vous avions fait visiter une école en début d'année, ensuite il faut saisir des opportunités, être là quelquefois le bon jour au bon endroit, savoir être opportuniste, avoir beaucoup de disponibilité, de motivation, le travail, le sérieux et l’expérience font le reste. Un monde très petit où tout le monde se connait.

Steven Frossard nous a offert une saison pleine de succès, nous avons choisi de faire connaissance avec son mécanicien de cette saison 2011, Frédéric Maury qui a œuvré toute l’année sur la 450 Yamaha n°183 pour le compte d’un des plus prestigieux teams, Yamaha Rinaldi.

C’est un garçon discret voir même un peu réservé, nous lui avons demandé de nous expliquer son parcours, ci-dessous.
Puis en seconde page, dans l’interview, Frédéric répond tout d’abord à des questions sur son job, puis on termine avec un coté moins technique et plus humain, un moment où Frédéric nous emmène au centre du binôme pilote-mécanicien.

Il semble clair que le « mécano » comme on dit souvent, a un rôle qui dépasse de loin celui de « préposé à la clé de 12 » avec son pilote. Ce dernier sert véritablement de lien entre le pilote et les ingénieurs moteur et suspensions, c’est lui aussi qui dans certains cas aura un rôle dans la confiance du pilote à des moments « clé » de la compétition.

C’est aussi un boulot quelquefois ingrat, dans les rares GP humides, il faut à chaque sortie de la moto, la nettoyer et tout reprendre, un travail répétitif mais au combien exaltant lorsque son pilote se retrouve le dimanche soir sur un podium, comme ce soir de juin au GP de France.

Bienvenue dans le monde d’un « ménaco » de pilote de GP cross.

 

Frédéric Maury est né en 1984 à Brive la Gaillarde

Vit actuellement dans la région de Loubressac non loin de Cahors

Scolarité classique jusqu’à la fin du collège

BEP mécanicien moto

BAC mécanicien moto au Lycée J-Louis Etienne de Caussade près de Montauban Tarn (82).

BTS management en alternance dans un magasin moto Sagaz Motor à Toulouse

Loisir : Motocross en ligue de milieu de grille et jet ski

Début chez Bud Racing comme mécanicien

Une saison aux USA avec Christophe Pourcel

Aujourd’hui mécanicien chez Rinaldi aux cotés de Steven Frossard

 

Tous mes remerciements à Frédéric qui a bien voulu répondre à notre demande, c’était un plaisir de l’écouter, aussi enrichissant que passionnant.

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2. L’interview : Frédéric nous parle de son job, c’est bien plus que « serrer des boulons »

Comment se retrouve-t-on mécanicien de GP ?

J’avais dans l’idée de partir à l’étranger pour apprendre la langue et de plus j’étais jeune c’était le moment. J’ai un cousin Remi Larribe qui connaissait bien Stéphane Dassé de Bud Racing qui mettait en place un team motocross pour le championnat d’Europe avec Marvin Musquin. Il cherchait un mécanicien pour leur première saison en 2007.
Je suis allé 15 jours travailler chez BUD faire des tests, comme refaire la moto d’entrainement, ça s’est bien passé et du coup ils m’ont gardé. Chez Bud on ouvrait les moteurs, on fait tout c’est bien. Je me suis donc retrouvé à faire l’Europe toute la saison.
L’année suivante, je pouvais partir chez NGS, mais j’ai préféré rester chez Bud d’abord parce que je m’entendais bien avec Stéphane et Sébastien et il y avait Philippe Dartial, c’est lui qui m’a vraiment tout appris là-bas. Je suis resté 3 ans, c’est vraiment par Bud que je me suis fait connaître, si je suis là où je suis aujourd’hui, je pense que c’est beaucoup grâce à Philippe et à Stéphane.

2008 et 2009 tu as qui comme pilote ?

En 2008, Brendon Harisson un Australien qui s’est blessé en début d’année, et du coup j’ai fait le GP de France avec Luigi Séguy et j’ai travaillé aussi avec Khounsith Vongsana. Et en 2009 j’avais David Vuillemin pour les GP MX 1 et le championnat de France Elite, il termine champion de France.

2010 aux Etats-Unis, tu progresses en anglais alors !

Oui, je voulais changer, je suis parti aux Etats-Unis comme mécanicien d’entrainement pour le compte de Christophe Pourcel. Là, ce n’était pas le team Pro Circuit qui m’employait, c’était Christophe. Je n’ai pas pu finir la saison US, j’ai eu des problèmes de visa, je n’avais pas de visa de travail, au milieu de la saison outdoor, je me suis fait contrôler, j’ai du rentrer en France. L’idée de partir à l’étranger pour apprendre l’anglais s’est faite là, mais comme il y avait Christophe et un autre mécanicien français, Vincent Béréni, je parlais beaucoup français, je me reposais beaucoup sur Vincent, mais j’ai bien progressé en anglais malgré tout.

Tu te retrouves avec Steven, on se fait recruter comment chez Rinaldi ?

De retour des USA, j’avais un peu laissé le mondial, on oublie vite le coté européen et chez Rinaldi, Steven n’avait toujours pas de mécanicien en novembre pour Bercy, le team cherchait donc un français ou un Italien.
Et l’ancien mécanicien d’entrainement de Gautier, Ludovic Kiffer était parti, Manu le mécanicien de Gautier a parlé de moi à Michele Rinaldi qui m’a contacté.
Je suis allé en Italie, nous avons parlé du contrat, la proposition était intéressante. J’étais près à repartir avec Christophe mais c’était compliqué il n’avait pas de team, j’ai accepté l’opportunité de rentrer chez Rinaldi.
Ils m’ont fait revenir faire la moto d’entrainement, c’est Massimo (Raspanti) le manager qui s’en est occupé. Il a vu que tout se passait bien. Rentrer chez Rinaldi, un team aussi prestigieux qui prend un mécanicien français, ça se laisse difficilement passer.

 

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Ton travail peut sembler réduit à filtre, rayons, axes de roues, qu’en est-il ?

Alors chez Rinaldi, ce que je regrette c’est que d’un coté, on ne touche pas le moteur, on le monte dans le cadre, par contre, pour les tests, on travaille un peu dessus. Chez Rinaldi, ils poussent le développement très loin, ils nous font participer à ce développement, c’est très intéressant. On travaille sur les embrayages, sur la boite de vitesse. Les moteurs sont revus en atelier ainsi que les suspensions, nous sommes un des seuls teams majeurs à les refaire en interne mais là ce n’est pas moi.

Qu’est-ce qu’un pilote comme Steven te demande sur la moto ?

Steven, dès le premier contact, la confiance, la passion et la motivation. Techniquement pour le reste il est vraiment très facile à travailler, on fait des tests avant la saison et après la moto pour lui, elle est bonne, il est vraiment pas ch….., ce n’est pas un pilote difficile pour son mécanicien.
Il ne demande pas grand-chose, il était content de sa moto. Juste une bricole, il demandait à ce que le moteur le « pousse » moins au freinage, de l’autre, il voulait plus de couple, là, c’était difficile à faire.

 

Steven et Fred, confiance et complicité

Apres un GP, qui-y-a-t-il de fait sur la moto ?

Au lendemain d’une course, on remet le cadre à nu, tout en pièces. On va changer beaucoup de ces pièces, comme les axes de roues, l’axe de bras oscillant. Je suis le seul à toucher à la moto, je démonte les suspensions et le moteur.
Tout ce qui est embrayage et vidange je fais. Les suspensions et le moteur sont envoyés dans les ateliers Rinaldi. Si le moteur n’a pas souffert, il peut faire deux courses, après deux week-ends, il est entièrement démonté puis contrôlé au niveau du bas moteur et changement des pièces d’usure, piston, segments, soupapes, etc.

Est-ce que la place de ton pilote te fait envie ?

Oui, c’est sûr, cela fait envie, c’est sûr et certain.

Un mécanicien de GP est-il stressé au départ d’une manche ?

Un peu, ça dépend des courses en fait, si c’est mouillé oui systématiquement, s’il fait beau, si le week-end se passe bien, beaucoup moins.

Et quand Steven est en tête d’une manche ? (Et c'est souvent)

Là, c’est dur, c’est long, s’il est en tête, c’est interminable, lorsqu’il est plus loin, ça va, mais dès qu’il est en tête ou en bagarre pour la première place, c’est long, long. Et s’il part en tête, alors là ….on ne voit pas la fin, les secondes manches non, mais les premières c’est stressant.

 

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Frédéric au panneautage, concentré ... et stressé !!!

Quand ton pilote est en course, refais-tu chaque tour de clé dans ta tête ?

(D’emblée) oui, oui, surtout s’il fait un truc comme regarder la pédale de frein, un axe, une roue. On gamberge direct, est-ce que j’ai bien resserré ceci-cela. Je vérifie toujours tout avant le départ, je n’ai jamais rien oublié, je touche du bois. On a beau être sur de soi, on peut toujours avoir un doute du bord de la piste.

Le succès se partage-t-il ?

Oui, oui dans le team là, oui.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui veux devenir mécanicien de GP ?

La motivation, c’est la clé, s’il est très motivé il peut y arriver, il faut s'accrocher.

Un mécano de GP gagne bien sa vie ?

Oui, franchement oui, chez Rinaldi, je ne peux véritablement pas me plaindre, jamais un mécanicien ne peut gagner autant dans une concession. Quand j’ai commencé je ne gagnais pas grand-chose, maintenant c’est bien c’est normal, j’avais d’autres offres comme chez KRT, c’était très bien aussi. Maintenant je ne sais pas si s’est dans tous les teams comme cela, mais là c’est bien. Après, cela ne fait pas tout, il y a le boulot. J’ai un statut de travailleur indépendant, je suis prestataire de services, chez Bud on fonctionnait comme cela, je suis comme un artisan. C’est cette forme juridique la mieux adaptée.

Merci à toi Frédéric, à bientôt sur un circuit.

 

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